Les besoins affectifs de nos enfants

May 26, 2023

Par Valérie Perreault, psychologue

 

En toute humilité, après un baccalauréat et un doctorat strictement en psychologie, je ne connaissais pas les subtilités et la complexité du développement de l’enfant. Je ne connaissais pas l’étendue des besoins profonds des tout-petits. Loin de là même. C’est en devenant moi-même mère que mon intérêt s’est développé. Plus j’en apprends, plus j’ai des questions. Le parent n’a donc pas à se mettre une pression de tout connaître, d’être parfait et constamment adapté.

 

Les efforts des parents

J’ai vu des parents se démener parce qu’on leur avait dit que leur enfant devait être plus autonome. J’ai vu des parents pleurer parce qu’ils avaient de la pression pour que l’enfant soit propre. J’ai vu des parents anxieux parce que leur enfant n’écoutait pas les consignes à l’école, malgré tous leurs efforts qui ne paraissaient pas de l’extérieur. Des parents qui se sont sentis jugés, qui ont senti qu’ils n’étaient pas « suffisants », malgré tellement d’essais. Des parents qui revenaient d’un souper de famille en pleurant parce qu’ils avaient passé leur soirée à recevoir des « trucs », comme s’ils n’avaient pas essayé…. J’ai discuté avec de nombreux parents qui percevaient que tout dépendait d’eux, ce qui les amenait à s’oublier et à vouloir redoubler d’efforts. C’est un terreau fertile pour le développement d’un épuisement parental. Alors qu’au final, la résistance de l’enfant face à une intervention signifie possiblement une manière de communiquer un besoin affectif. L’enfant nous dit quelque chose. Il ne le dit pas nécessairement avec des mots. Il parle avec sa symbolique, ses jeux, ses dessins, ses refus, sa vitalité, ses émotions et ses comportements.

 

Parfois, c’est un peu comme si on demandait aux parents de sortir d’un sable mouvant en se débattant encore plus : le seul résultat c’est qu’on va de plus en plus creux.  Il y a une clé : il faut se souvenir que chaque enfant a ses propres besoins et que ceux-ci évoluent continuellement selon sa progression psycho-affective. Il n’y a pas de moule. Aujourd’hui, j’avais donc vraiment envie d’écrire sur les besoins affectifs des enfants.

 

Les besoins affectifs des enfants

Le comportement de nos enfants nous parle. De tenter de l’éteindre sans s’intéresser et avoir de la considération pour le besoin sous-jacent est un piège. Peut-être que cela fonctionne à court terme. Par contre, il faut être vigilant d’interpréter l’arrêt d’un comportement comme un gain. Cela peut aussi vouloir dire que l’enfant a « ravalé » un besoin. Certains enfants, évidemment, n’arrivent pas du tout à éteindre le comportement qu’on leur demande de cesser si on ne prend pas le temps de regarder ce qu’il signifie. Et c’est là qu’on se retrouve parfois avec un déplacement de comportement ou l’impression que l’enfant fait exprès. Ce n’est pas si simple. Et ce n’est pas parce qu’un enfant a acquis une étape qu’il ne peut pas retourner un peu en arrière pour un temps défini. De mettre une pression pour « régler le comportement » n’est sans doute pas la meilleure avenue. À chaque fois qu’on répond au besoin de notre enfant avec sensibilité, il se développe. Et parfois, c’est possible d’avoir besoin d’aide pour comprendre notre enfant. Et c’est normal.

 

L’idée est de cultiver une sensibilité, d’être à l’écoute des besoins affectifs des enfants. Apprendre à l’enfant à devenir indépendant, c’est un travail au long cours, parsemé de mouvements. Apprendre à l’enfant à accepter une limite ou à « gérer » ses émotions, c’est un apprentissage complexe. Accepter les émotions et accompagner notre enfant dans son émotion peut avoir l’air d’un manque d’encadrement, mais à long terme, on apprend à l’enfant à accepter son vécu et ses besoins et que c’est normal d’être fâché, d’être triste. Et il y a certains enfants pour qui ce sera plus long. C’est comme ça, peu importe à quel point le parent aura été sensible, encadrant, empathique et aura appliqué une fermeté bienveillante. On ne peut donc pas comparer tous les enfants de 2 ans, de 3 ans, de 4 ans… car ceux-ci n’ont certainement pas les mêmes besoins affectifs. Certains auront besoin de plus de sécurité, d’autres auront besoin d’être plus écoutés, d’autres, d’être valorisés ou de montrer comment ils sont bons. Et c’est correct. Et c’est normal. Il faut simplement écouter ce que l’enfant nous dit et éviter de vouloir faire cadrer les enfants dans une norme précise.

 

Détachons-nous de la performance.

 

Biographie

Valérie Perreault a complété son doctorat à l’Université de Montréal, en se spécialisant dans les troubles anxieux et plus spécifiquement dans le trouble obsessionnel compulsif. Aujourd’hui, elle est psychologue auprès d’une clientèle présentant une déficience intellectuelle, un trouble du spectre de l’autisme et des troubles du comportement. Elle a aussi une expérience dans le domaine des troubles de la personnalité. Maman de deux enfants, elle porte un intérêt grandissant aux enjeux de santé mentale entourant la parentalité.

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