Nos émotions : à quoi nous servent-elles?

Dec 08, 2021

Écrit par : Dr Jici Lord-Gauthier, psychologue clinicien

 

Le poids de la tristesse, la poussée de la colère, le malaise de la peur, ou le plaisir de la joie… Tantôt nous les cherchons, prêt.e.s à tout pour ressentir de l’intensité, du « spécial », quelque chose d’autre que de la monotonie. Et pourtant, tantôt nous les fuyons, prêt.e.s à faire de grands efforts pour s’en distraire, passer à autre chose, ou faire comme si de rien n’était.


Les émotions sont une partie indéniablement essentielle de notre existence, et ce, à tous les moments de la vie. Même si nous, les humains, avons toujours expérimentés une diversité d’émotions et de sentiments, cela demeure un sujet aussi complexe que fascinant. 

 

En psychologie, il existe plusieurs façons de comprendre les émotions, dont la théorie de Ekman, qui définit l'émotion comme suit :

 

Un processus passager et automatique basé sur notre passé évolutif et notre histoire personnelle dans lequel des changements psychologiques, physiologiques et comportementaux surviennent pour nous aider à faire face et à nous adapter à des situations.


Aujourd’hui, à partir de la théorie d’Ekman (et de plusieurs milliers d'autres recherches sur le sujet), on reconnaît environ quatre à sept émotions universelles chez les humains, dont notamment la joie, la tristesse, la colère, la peur, et le dégoût.


Chacune de ces émotions seraient associées à des sentiments encore plus spécifiques ainsi qu'à des réactions adaptatives pour nous préparer, mentalement, physiquement, et comportementalement, à faire face à des situations particulières :

  • La joie est souvent caractérisée par des sentiments de plaisir, d’excitation, de satisfaction, d’inspiration, etc. La joie nous aide entre autre à valoriser le moment présent, à tirer plaisir de la situation, et à nous motiver à accomplir des actions cohérentes avec nos valeurs.
  • L’émotion de la tristesse est généralement associée à des sentiments d’isolement, d’ennui, d’apathie, de mélancolie, de résignation, etc. Elle nous aide à processer une perte, à s’adapter à des changements négatifs, mais aussi à rechercher le réconfort ou à signaler un besoin d’aide.
  • La colère est souvent vécue à travers des sentiments d’injustice, d’hostilité, de jalousie, de frustration, etc. La colère aide à mobiliser l’énergie nécessaire pour, par exemple, mettre ses limites ou s’affirmer face à une situation en vue de la modifier.
  • La peur est souvent associée à des sentiments d’insécurité, d’embarras, d’appréhension, de nervosité, de panique, etc. Elle nous aide à générer une réponse de stress et d’anxiété pour nous mobiliser physiquement et mentalement à faire face à une situation confrontante ou menaçante, et ce, qu’elle soit réelle ou imaginaire.
  • Le dégoût est une émotion généralement associée à des sentiments de dédain, d’aversion, de répulsion, de mépris, etc. Le dégoût nous aide à rejeter ou prendre de la distance face à une situation repoussante, offensante ou répugnante (p.ex. une odeur nauséabonde, une action immorale, une relation toxique).


À travers l’évolution, les émotions nous ont aidé à nous adapter aux situations de la vie les plus complexes et les plus éprouvantes. Lorsque nous nous défendons contre nos propres émotions et que nous cherchons à les combattre, à les fuire ou à les anesthésier, nous nous défendons contre quelque chose qui, en fait… est tout à fait normal et sert au contraire à nous protéger, nous mobiliser et nous adapter face à une situation qui demande notre attention et notre réponse.


Et si on tentait une autre approche par rapport à nos émotions? Par exemple en les reconnaissant pour ce qu’elles sont, en n’étant pas gêné.e.s de les nommer par leur nom, et en étant ouvert.e.s à l’information qu’elles nous fournissent sur nous-mêmes et sur ce qui se passe dans notre vie? Et si, finalement, on ne s’obligeait ni à les agir impulsivement, ni à les refouler intérieurement, mais on osait plutôt un geste encore plus radical : de les accueillir avec ouverture, bienveillance et curiosité?

 

Bibliographie

 

Cowen, A.S., & Keltner, D. (2017). Self-report captures 27 distinct categories of emotion bridged by continuous gradients. Proc Natl Acad Sci USA, 114(38), 7900-7909.


David, S. (2016). Emotional agility : Get unstuck, embrace change, and thrive in work and life. Penguin Random House : New York.

Jack, R.E., Sun, W., Delis, I., Garrod, O.G., & Schyns P.G. (2016). Four not six: Revealing culturally common facial expressions of emotion. J Exp Psychol Gen, 145(6), 708-30.

Plutchik, R. (2001). The Nature of Emotions: Human emotions have deep evolutionary roots, a fact that may explain their complexity and provide tools for clinical practice. American Scientist, 89(4), 344-350.

Tooby, J., & Cosmides, L. (2008). The evolutionary psychology of the emotions and their relationship to internal regulatory variables. In M. Lewis, J. M. Haviland-Jones, & L. Feldman Barrett (Eds.), Handbook of Emotions (3rd ed., pp. 114–137). New York, NY: The Guilford Press.

 

Pour en savoir plus sur l'auteur: 

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