J'ai déjà été superwoman

Nov 29, 2023

Par Caroline Bélisle, maman et abonnée de Ça va maman

 

Le jour où superwoman a fait un atterrissage d’urgence. 

  

-     Wow, je te trouve vraiment bonne. 

-     Je ne sais pas comment tu fais. 

  

Ce sont les choses que j’entends souvent lorsque je dis que j’ai trois enfants. Et un emploi à temps plein. Deux chiens et un poisson rouge. Sans oublier les séances de natation, de danse et de hockey plusieurs fois par semaine. Ni la gestion de ces petits êtres et ce qui vient avec : agendas, école, devoirs, rendez-vous, garde-robe, repas, lavage, ménage, alouette! Bref, je roule à 300 km/h depuis presque dix ans.  

  

J’étais superwoman. Dans ma tête, j’avais réussi. J’avais une carrière, une famille et j’étais toujours à mon affaire. Je jonglais avec plusieurs balles en même temps et je n’en laissais pas tomber une! Mon orgueil de féministe faisait un pied de nez à celles de générations plus vieilles que la mienne qui me disait que je n’y arriverais pas. 

 

  

Un brutal vendredi après-midi de février, ma superwoman a fait un atterrissage d’urgence. Je continuais à jongler avec toutes mes balles, mais le risque de toutes les échapper en même temps s’en venait dangereusement élevé. Je devais en déposer quelques-unes pour un temps. Avec mon médecin, nous avons convenu d’un arrêt de travail. Le temps que je me repose, que je reprenne mon souffle, parce que j’en manquais de souffle. Je n’arrivais plus à faire quoi que ce soit sans avoir l’impression d’être prise dans un étau qui m’empêchait de respirer. 

  

La pandémie, le trouble de déficit d’attention avec hyperactivité du plus vieux, le diagnostic de trouble du spectre de l’autisme du plus jeune, ma fille au milieu de ses frères. Et moi qui fonçait pour trouver des solutions, continuer d’avancer, pour les enfants, pour qu’ils ne manquent rien et de rien. Ne pas prendre le temps de vivre, de ressentir ces contrecoups de la vie. Toutes ces accumulations ont eu raison de mon souffle.  

  

-     Prenez ce temps pour vous. Faites ce que vous aimez. 

  

Ce que j’aime? Je ne sais plus ce que j’aime. Je n’ai plus de passe-temps. Je n’ai pas eu de temps pour un passe-temps dans les dix dernières années. Lorsque les enfants dorment, que le linge est plié et rangé, le lave-vaisselle est vide et la cuisine rangée, s’il me reste un tant soit peu d’énergie, je regarde 2-3 « tik-tok » sur mon téléphone et je m’endors par la suite. Alors quand vient le moment de répondre à la question « Qu’aimez-vous faire? » et que je peine à trouver une réponse, c’est un instant très confrontant. Qui suis-je? Mon orgueil et ma fierté ont envie de mourir de honte.    

  

En même temps, je suis fâchée. J’ai l’impression qu’on m’a menti. Une génération de féministes m’a vendu le rêve que je pouvais tout réussir. « You can have it all! » Oui, mais à quel prix? Ma grand-mère maternelle vivait sur une ferme avec son mari et ils ont eu 14 enfants. Elle n’a jamais occupé d’emploi, elle s’occupait de la maison et des enfants. Ma mère a étudié en aéronautique, elle a eu deux enfants et travaillait 50-60 heures par semaine en me répétant constamment que ce n’est pas parce que je suis une femme que je ne peux pas prendre la place d’un homme et que je peux tout réussir. Nous sommes passés d’un extrême à l’autre en 30 ans.  

  

J'ai découvert votre podcast au bon moment. J'ai compris, avec beaucoup de soulagement, que je n'étais pas seule dans ma situation. J'essaie encore de démêler tous ces sentiments. D'essayer de comprendre comment je me sens face à ça et d'accepter que je ne serais peut-être jamais ce qu'on m'a répété toute ma vie que je pouvais être. 

  

Peace out, 

Caroline 

 

 

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